Août 2005
Bordeaux
France
Enrôlés de force dans l'armée française, ils perçoivent aujourd'hui une pension militaire dix à vingt fois plus faible que celle des vétérans français.
Bercés par la chaleur d'une belle après-midi d'août, une trentaine de patriarches devisent à l'ombre d'un jardin bordelais. La conversation se fait plus souvent en arabe qu'en français, mais toujours discrètement, à voix basse.
Devant eux, se dresse leur résidence : le foyer Sonacotra-Médoc, situé à l'entrée nord de Bordeaux. La quasi-totalité des 288 chambres de l'établissement sont occupées par des septuagénaires marocains qui ont en commun d'avoir combattu pour la France.
Certains sont à Bordeaux depuis 1997 ; d'autres viennent juste d'arriver. Une même raison les a poussés à quitter leur famille au Maroc : depuis 1989, grâce à la carte d'ancien combattant qui donne droit à un titre de résident de dix ans, ils peuvent demander le RMI.
Depuis 1998, ils peuvent également bénéficier de l'allocation spécifique vieillesse. Seule contrainte : ils doivent résider en permanence en France. La plupart d'entre eux n'y restent en réalité que six mois avant de revenir deux mois au pays puis de repartir. Certains alternent tous les deux mois, et s'exposent aux contrôles de présence de la Caisse des dépôts et consignations qui délivre l'allocation vieillesse, et à ceux de la Caisse d'allocations familiales. Tous envoient au moins la moitié de leurs ressources à leur famille.
Ceux qui ont servi quinze ans dans l'armée française perçoivent en outre une pension militaire, "cristallisée" en 1959, à l'époque de l'indépendance des colonies. Leur montant est dérisoire : de 66 à 150 euros par trimestre, soit dix à vingt fois moins que la solde de leurs homologues français. Au compte-gouttes, certaines pensions commencent, depuis peu, à être revalorisées.
La plupart des Marocains dans cette situation - ils seraient plus de 1 500 en France - sont d'abord arrivés à Bordeaux. Ils sont environ 500 à y résider et il en arrive en moyenne 10 à 15 nouveaux chaque mois. Le dispositif bordelais d'accueil des anciens combattants est débordé, comme le foyer qui affiche toujours complet.
La capitale du vin n'est pas choisie par hasard : c'est une grande ville proche du Maroc et elle abrite le tribunal des pensions militaires. Longtemps, les archives des vétérans marocains y étaient stockées, avant d'être transférées à Caen. La préfecture de Gironde est par ailleurs connue pour accorder facilement des titres de séjour de longue durée. La prise en charge sociale, médicale et administrative n'a jamais failli.
Août 2005
Bordeaux
France
Enrôlés de force dans l'armée française, ils perçoivent aujourd'hui une pension militaire dix à vingt fois plus faible que celle des vétérans français.
Bercés par la chaleur d'une belle après-midi d'août, une trentaine de patriarches devisent à l'ombre d'un jardin bordelais. La conversation se fait plus souvent en arabe qu'en français, mais toujours discrètement, à voix basse.
Devant eux, se dresse leur résidence : le foyer Sonacotra-Médoc, situé à l'entrée nord de Bordeaux. La quasi-totalité des 288 chambres de l'établissement sont occupées par des septuagénaires marocains qui ont en commun d'avoir combattu pour la France.
Certains sont à Bordeaux depuis 1997 ; d'autres viennent juste d'arriver. Une même raison les a poussés à quitter leur famille au Maroc : depuis 1989, grâce à la carte d'ancien combattant qui donne droit à un titre de résident de dix ans, ils peuvent demander le RMI.
Depuis 1998, ils peuvent également bénéficier de l'allocation spécifique vieillesse. Seule contrainte : ils doivent résider en permanence en France. La plupart d'entre eux n'y restent en réalité que six mois avant de revenir deux mois au pays puis de repartir. Certains alternent tous les deux mois, et s'exposent aux contrôles de présence de la Caisse des dépôts et consignations qui délivre l'allocation vieillesse, et à ceux de la Caisse d'allocations familiales. Tous envoient au moins la moitié de leurs ressources à leur famille.
Ceux qui ont servi quinze ans dans l'armée française perçoivent en outre une pension militaire, "cristallisée" en 1959, à l'époque de l'indépendance des colonies. Leur montant est dérisoire : de 66 à 150 euros par trimestre, soit dix à vingt fois moins que la solde de leurs homologues français. Au compte-gouttes, certaines pensions commencent, depuis peu, à être revalorisées.
La plupart des Marocains dans cette situation - ils seraient plus de 1 500 en France - sont d'abord arrivés à Bordeaux. Ils sont environ 500 à y résider et il en arrive en moyenne 10 à 15 nouveaux chaque mois. Le dispositif bordelais d'accueil des anciens combattants est débordé, comme le foyer qui affiche toujours complet.
La capitale du vin n'est pas choisie par hasard : c'est une grande ville proche du Maroc et elle abrite le tribunal des pensions militaires. Longtemps, les archives des vétérans marocains y étaient stockées, avant d'être transférées à Caen. La préfecture de Gironde est par ailleurs connue pour accorder facilement des titres de séjour de longue durée. La prise en charge sociale, médicale et administrative n'a jamais failli.
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