Juin 2024
Bordeaux
France

Nous sommes quai des berges, parc Deschamps à Bordeaux.
Aux yeux de tous, ils sont une centaine à camper là. Derrière une allée de Glycines qui fascine de nombreux bordelais abrite une autre réalité.

Ces quelques campeurs forcés cachent des histoires de vie compliquées, brisées, où la réinsertion, faire confiance devient quasi impossible.
A travers ces images, je vous propose d'aller à la rencontre de Tony, Sandrine, Géraldine, Violette et Ismaël qui ont accepté de témoigner de leur condition.

Les compagnons de l’infortune.

Vivre en couple n’a rien de simple, jalousie des uns et des autres; soupçons de la part des services sociaux quant à la véracité de la relation. Bien sûr, les femmes paraissent plus vulnérables, fragiles.
Toujours est-il, il est plus facile de mutualiser les efforts, puiser de la force chez l’autre, trouver du réconfort.  Vivre à deux permet d’imaginer un futur meilleur, construire un avenir.

Tony & Sandrine

« J'en ai marre de cette situation, j'suis l'bonhomme, c'est Sandrine qui a de l'argent et tout le monde pense que je vais le lui voler »

Alexis & Mathilda

Alexis à 23 ans, Mathilda 21. Originaire d'Avignon Alexis est passé par la case prison de Gradignan. Après 15 mois à l'ombre il se retrouve "libéré" avec une interdiction de quitter Bordeaux de 2 ans. Sans formation, la seule option, la rue. Mathilda est à la rue depuis l'été 2023 après que sa mère l'ait mise dehors.

Géraldine

Entre conneries et problèmes de drogue, les passages par la case prison ont été réguliers pour Géraldine. Aujourd'hui elle témoigne sur les effets de l'addiction dans des centres d’accueil.

« J'ai 36 ans, ça fait 14 ans que je vis dans la rue, j'ai passé du temps en foyer mais trop de "tarés" là dedans. Je préfère vivre comme ça, au moins personne ne m'emmerde. »

Violette

Violentée à la maison Violette a fui sans donner de nouvelles. Livrée à elle même, elle ne fait pas que des bonnes rencontres et depuis 4 ans c’est la galère. La tentation de l’oubli amène à une vie où le crack (age) n’est pas loin.

« J’ai fui la maison à l’âge de 14 ans. On ne m'a pas recherchée.
J'ai faim et j'ai froid... »

Ismael

Marocain de Casablanca, Ismael à quitté le "bled" après son divorce, sans perspectives d'emploi il décide de rejoindre une France "terre d'acceuil" nourrissant un imaginaire de nouvel Eldorado. Depuis son arrivée sans connections il y a 2 ans c'est la rue.

« J'ai dépensé toutes mes économies, je peux même plus rentrer au bled. De toute façon, la-bas, la rue c'est pire, sauf la pluie. »

Pendant ce temps, comme déconnectés de cette réalité nombres d'influenceurs viennent pavoiser et se prendre en photo pour alimenter leur réseau social.