2004-2006
Paris, Bordeaux, La roche Posay
France
La brûlure est méconnue du grand public, du moins ses conséquences et sacrifices. Personne ne naît brûlé. On le devient du fait d’un accident, d’une agression, ou du choix de passer par le feu pour en finir. Le chemin de la cicatrisation est très long. Les degrés de brûlure, la surface de peau brûlée, les prises de greffes, où même simplement la réaction naturelle de la peau, sont autant de facteurs qui interfèrent sur la durée du traitement.
Chaque cas est unique. Les soignants se voient souvent poser les questions par un patient nouvellement arrivé : « C’est grave docteur, est-ce que ça va être long ? Quand pourrais-je sortir ? » mais surtout la question essentielle : « Est-ce que je garderai des traces ? » La réponse est délicate à formuler. Il faut souvent des mois d’hospitalisation en service de réanimation ; des mois, voir des années de soin en centre de rééducation fonctionnelle puis chez un kinésithérapeute, période ponctuée d’opérations chirurgicales. S’en suivent des soins thermaux à raison de six semaines par an pour qui le peut.
Service de Chirurgie plastique reconstructrice et brûlés.
« C’est grave docteur ? Est-ce que ça va être long ?
Quand pourrais-je sortir ? »
La prise et pose de greffes font de la chirurgie reconstructrice, la chirurgie la plus sanglante du monde hospitalier.
« Est-ce que je garderai des traces ? »
Service de rééducation fonctionnelle.
Sortie du service de chirurgie c'est un long combat qui commence.
Le service de rééducation fonctionnelle de la tour de Gassies acceuil une quinzaine de patients qui vont et viennent entre les opérations et les séances de kinésithérapie.
J'ai eu l'occasion de rencontrer Joël, Jacques et Mikael qui ont accepté de témoigner de leur quotidien dans ces circonstances.
La brûlure est complexe, des compétences variées doivent être maîtrisées par chacun des membres de l’équipe médicale : chirurgie, anesthésie, kinésithérapie, assistance sociale et psychologique. L’accompagnement des patients impose une force de caractère inébranlable pour lutter contre le découragement face au long chemin que nécessitent les soins, au désagrément des habits de contention qui sont de véritables tortures en été.
« Heureusement, il y a toujours de la place pour l'humour et dédramatiser »
Le feu transforme l’individu selon cette dualité : il détruit un corps et crée une nouvelle enveloppe. La brûlure « donne » une nouvelle identité à l’individu.
Une personne brûlée au visage sera d’autant plus confrontée à son changement lorsqu’elle devra refaire faire ses papiers d’identité.
A noter qu'il n'y a pas de miroir dans le service sauf dans la salle de maquillage.
Mathilde à 4 ans lorsque le drame arrive. Une casserole d'eau bouillante sur le feu, une poignée qui dépasse, la tentation de l'attraper.
Nous nous rencontrons 3 ans plus tard lors de l'un de ses passage à la Roche Posay.
Entre les nombreux patients victimes du feu le pire est probablement de voir des enfants touchés, cependant, c'est aussi un grand rappel à l'ordre face à l'abnégation.
« Je ne me souviens pas de mon accident, juste maman qui crie. »
« Tu veux jouer avec moi ? »
Le feu, dans nos consciences, a divers symboles. Il évoque la purification au Moyen-Age lorsque l’on brûle les « sorcières ». Pour certaines religions, le feu est utilisé pour libérer l’âme du corps (Bouddhisme), chez les Chinois le feu est le Ying, la virilité donneuse de vie. Il est aussi l’antre de Lucifer, l’enfer dans la religion chrétienne. Mais, le feu peut être aussi appréhendé comme le symbole de la renaissance, le Phoenix renaissant de ses cendres ou Déméter brûlant ses enfants pour les rendre immortels.
Dans le langage courant le feu s’utilise en tant que métaphore : « Le désir ardent, la flamme de mon cœur ».
Destructeur et créateur, le feu est un symbole dualiste.
Joël de retour chez lui 2 ans après l'accident...
2004-2006
Paris, Bordeaux, La roche Posay
France
La brûlure est méconnue du grand public, du moins ses conséquences et sacrifices. Personne ne naît brûlé. On le devient du fait d’un accident, d’une agression, ou du choix de passer par le feu pour en finir. Le chemin de la cicatrisation est très long. Les degrés de brûlure, la surface de peau brûlée, les prises de greffes, où même simplement la réaction naturelle de la peau, sont autant de facteurs qui interfèrent sur la durée du traitement.
Chaque cas est unique. Les soignants se voient souvent poser les questions par un patient nouvellement arrivé : « C’est grave docteur, est-ce que ça va être long ? Quand pourrais-je sortir ? » mais surtout la question essentielle : « Est-ce que je garderai des traces ? » La réponse est délicate à formuler. Il faut souvent des mois d’hospitalisation en service de réanimation ; des mois, voir des années de soin en centre de rééducation fonctionnelle puis chez un kinésithérapeute, période ponctuée d’opérations chirurgicales. S’en suivent des soins thermaux à raison de six semaines par an pour qui le peut.
Service de Chirurgie plastique reconstructrice et brûlés.
« C’est grave docteur ? Est-ce que ça va être long ?
Quand pourrais-je sortir ? »
La prise et pose de greffes font de la chirurgie reconstructrice, la chirurgie la plus sanglante du monde hospitalier.
« Est-ce que je garderai des traces ? »
Service de rééducation fonctionnelle.
Sortie du service de chirurgie c'est un long combat qui commence.
Le service de rééducation fonctionnelle de la tour de Gassies acceuil une quinzaine de patients qui vont et viennent entre les opérations et les séances de kinésithérapie.
J'ai eu l'occasion de rencontrer Joël, Jacques et Mikael qui ont accepté de témoigner de leur quotidien dans ces circonstances.
La brûlure est complexe, des compétences variées doivent être maîtrisées par chacun des membres de l’équipe médicale : chirurgie, anesthésie, kinésithérapie, assistance sociale et psychologique. L’accompagnement des patients impose une force de caractère inébranlable pour lutter contre le découragement face au long chemin que nécessitent les soins, au désagrément des habits de contention qui sont de véritables tortures en été.
« Heureusement, il y a toujours de la place pour l'humour et dédramatiser »
Le feu transforme l’individu selon cette dualité : il détruit un corps et crée une nouvelle enveloppe. La brûlure « donne » une nouvelle identité à l’individu.
Une personne brûlée au visage sera d’autant plus confrontée à son changement lorsqu’elle devra refaire faire ses papiers d’identité.
A noter qu'il n'y a pas de miroir dans le service sauf dans la salle de maquillage.
Mathilde à 4 ans lorsque le drame arrive. Une casserole d'eau bouillante sur le feu, une poignée qui dépasse, la tentation de l'attraper.
Nous nous rencontrons 3 ans plus tard lors de l'un de ses passage à la Roche Posay.
Entre les nombreux patients victimes du feu le pire est probablement de voir des enfants touchés, cependant, c'est aussi un grand rappel à l'ordre face à l'abnégation.
« Je ne me souviens pas de mon accident, juste maman qui crie. »
« Tu veux jouer avec moi ? »
Le feu, dans nos consciences, a divers symboles. Il évoque la purification au Moyen-Age lorsque l’on brûle les « sorcières ». Pour certaines religions, le feu est utilisé pour libérer l’âme du corps (Bouddhisme), chez les Chinois le feu est le Ying, la virilité donneuse de vie. Il est aussi l’antre de Lucifer, l’enfer dans la religion chrétienne. Mais, le feu peut être aussi appréhendé comme le symbole de la renaissance, le Phoenix renaissant de ses cendres ou Déméter brûlant ses enfants pour les rendre immortels.
Dans le langage courant le feu s’utilise en tant que métaphore : « Le désir ardent, la flamme de mon cœur ».
Destructeur et créateur, le feu est un symbole dualiste.
Joël de retour chez lui 2 ans après l'accident...
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